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Remerciements spéciaux à Matthew sans qui rien n'aurait été possible :-)) Merci Matt. |
J'ai cette crainte du téléphone qui sonne la nuit depuis cinq ans maintenant, depuis le jour où un aumônier du département de police m'a appelé vers deux heures du matin pour me dire que mes parents étaient morts. Leur camping-car avait été écrasé par un semi-remorque emballé, véritable camion fou. Le coroner a dû les identifier par les empreintes dentaires, leurs corps avaient été atrocement mutilés. Bien que je sois affecté à l'unité des S.T.A.R.S, une brigade d'intervention du département de police de la ville de Raccoon formée pour anticiper et prévenir les crimes violents et aller à la rescousse afin de protéger les citoyens, j'ai toujours cette phobie quand le téléphone sonne dans les profondes heures de la nuit précédant l'aube. Beaucoup de crimes sont perpétrés la nuit. La plupart des personnes dorment profondément, et en règle générale il n'y a aucun témoin aux alentours. Un crime sanglant peut demeurer inconnu pendant des heures aux yeux de la police. J'arrive parfois sur les lieux du crime et la victime est aussi raide qu'une planche en bois. Ouais, quand ce fichu téléphone sonne tardivement dans la nuit, c'est un oiseau de mauvaise augure. Tiens ! Pas plus tard qu'il y a une demi-heure. Je faisais mon rêve préféré, celui où je suis une vedette de rock constamment aggripée par mes nombreuses admiratrices, quand j'ai reçu un appel de Billy, mon meilleur ami d'école. En temps normal, j'aime entendre la voix de mes vieux amis, même au beau milieu de la nuit. Mais celui-là n'était pas un appel normal, à moins qu'ils aient commencé à installer les téléphones portables dans les cercueils. C'est que voyez-vous, Billy était mort depuis trois mois. Mon vieux pote avait été un chercheur d'avenir pour une grande société locale appelée "Umbrella Company". Trois mois environ avant sa mort, il fut soudainement transféré à Chicago pour son travail. Il travaillait sur une sorte de projet de recherche tenu secret. Il quitta la ville de Raccoon à bord d'un Jet privé de la compagnie pour ce qui devait être un banal vol de routine. Il s'est avéré être autre chose qu'un vol de routine. Une heure après le décollage, le contrôle au sol a perdu leur trace sur le radar ainsi que toute communication avec l'aéronef. Le lendemain de la disparition du Jet, un bateau de pêche a retrouvé plusieurs morceaux de l'épave de l'avion et les corps de huit passagers flottaient dans les grands lacs. Billy et 12 autres passagers n'ont jamais été retrouvés, et les secours ont finalement conclu que les corps manquants avaient mystérieusement coulé dans les profondeurs glacées des lacs. Affaire rapidement classée, exception faite de la cérémonie commémorative au goût amer pour Billy, un bon ami que je ne reverrais jamais. Alors l'entendre encore ! Cet appel devait être une plaisanterie tordue du plus mauvais goût. "Qui que vous soyez, vous avez un sens de l'humour macabre, " lui dis-je tout en souhaitant un jour attraper dans mes mains ce scélérat qui se trouvait à l'autre bout de la ligne. "Chris, je jure que c'est moi. Billy." Cette fois, j'écoutais plus attentivement la voix de mon correspondant nocturne, notamment la tonalité et l'inflexion de sa voix. C'est sûr qu'elle ressemblait à la voix de Billy. Mais je n'y croyais pas et j'ai voulu, encore et encore, l'entendre parler de choses et d'autres avant de rassembler mes esprits : "Si c'est Billy qui me parle, pouvez-vous me dire comment vous avez survécu à l'accident d'avion ?" "Je n'étais pas dans l'avion quand il s'est crashé, Chris ! Vingt minutes après que le Jet de la compagnie ait décollé, il a atterrit sur une piste d'atterrissage privée dans un Etat voisin. J'ai été prié de sortir de l'avion et j'ai été conduit tout droit de nouveau dans la ville de Raccoon." Je n'avais plus aucun doute. La voix que j'entendais était bien celle de mon vieil ami. " Qu'est-ce que tout cela signifie Billy? Pourquoi la compagnie Umbrella s'ennuierait à vous conduire quelque part, pour vous ramener ensuite à la case départ? Et pourquoi la compagnie n'a-t-elle pas dit à votre famille et à vos amis que vous étiez toujours vivant? J'ai du mal à comprendre." "C'était nécessaire que je disparaisse." dit alors Billy. Je me suis assis en haut du lit et j'ai regardé mon réveil sur ma table de nuit. Il était une heure du matin. J'étais endormi seulement depuis peu. Pas de miracle, j'étais " cassé ". Et ce n'étaient pas les consommations que j'avais descendues toute la soirée qui allaient arranger les choses ! " Je suppose qu'Umbrella et toi avez une bonne raison quant au silence sur ta disparition fictive!" " Pas une ' bonne ' raison. Mais une raison diabolique. Je suis à l'origine d'une terrible erreur" J'ai pris une longue gorgée d'eau dans la bouteille que j'avais gardée près du lit. "Quel genre d'erreur ?" "J'espère pouvoir bientôt tout te révéler, Chris, mais je ne peux pas t'indiquer tous les détails par téléphone. Tu comprends ?" " Je comprends très bien. Je comprends surtout que mon meilleur ami à un comportement bizarre à mon égard." " Chris, j'ai un secret, un secret si terrible que tu n'oserais l'imaginer. " "Quel secret? De quoi tu parles?" " Ce secret est la cause de tous ces meurtres que tu essayes d'éluder. " " Te fout pas de moi Billy. Je dois savoir ce que tu sais. " " Je viens de te le dire, pas par téléphone. La ligne pourrait être surveillée. " "C'est peu probable." " Je ne prendrai pas le risque, " rétorqua-t-il avec une voix nerveuse et montante. "Bon, qu'est-ce que tu veux faire?" "Il faut qu'on se voie, juste toi et moi." "D'accord. Alors où et quand?" "Dans le parc près du lac Victory, tu vois où ? au nord de la ville. Rejoint moi aussi vite que possible." "Pourquoi tant de précipitations?" "Il y a des types qui veulent me tuer, Chris !" Cela justifie l'urgence aux yeux de Chris. "Ok Billy, je serai là dans trente-cinq, quarante minutes." J'ai renfilé les mêmes vêtements que je venais d'enlever deux heures auparavant, j'ai saisi une autre bouteille d'eau de source au réfrigérateur et j'ai bu en bas la moitié de la bouteille d'un seul trait. L'autre moitié, je l'ai versée au-dessus de ma tête en chemin vers ma voiture. Je me suis dit, tant qu'à prendre la route au beau milieu de la nuit, il valait mieux être trempé et éveillé que sec et crevé. Je fis gronder le moulin de ma SHELBY COBRA et me dirigeais vers le lac Victory. A l'allure où j'allais, je pourrais y arriver en moins de 40 minutes. C'est d'enfer, dans une SHELBY, vous pourriez vous rendre à mi-chemin de la Lune en 40 minutes. J'ai pris une courbe en S, en roulant le double de la vitesse autorisée. Le pied au plancher, je ne cessais de penser à Billy. Lui et moi étions pratiquement inséparables au lycée, nous avions cette réputation d'être le " drôle de couple " de notre classe. Billy était un brillant étudiant sans histoire, alors que de mon côté j'avais beaucoup de peine à passer dans les classes supérieures et je passais la moitié de mon temps dans le bureau du principal. Après avoir obtenu notre diplôme, Billy s'est inscrit au M.I.T, (le Massachusetts Institute of Technology). Sachant que je n'étais pas encore prêt pour l'université, j'ai été enrôlé dans l'Armée de l'Air. Nous ne nous sommes pas vus beaucoup pendant ces quatre années là. Je recevais bien une lettre de lui tous les six mois. J'ai honte maintenant de le dire, je ne lui ai jamais répondu. |
Un mois après qu'il ait fini l'enseignement supérieur, Billy est allé travailler pour la compagnie Umbrella dans la ville de Raccoon. Environ un an après, je suis rentré au bercail pour me joindre à l'équipe des S.T.A.R.S. Billy et moi avons rapidement renoué d'amitié, et nous nous sommes vus très fréquemment avant qu'il m'ait annoncé qu'il était muté à Chicago. Maintenant que j'y repense, il m'a semblé bizarre qu'il ne m'avait pas écrit au moins une fois lors de la dernière année. Je me suis dit qu'il devait être très occupé. Mais maintenant je sais qu'il y avait une autre raison. Et à en juger la voix terrifiée de Billy, ce doit être une raison plus sinistre que je ne le pense. Voilà pourquoi je n'avais pas eu de nouvelles de mon vieil ami. Quelle qu'était cette raison, je n'ai rien senti venir. J'ai coupé à travers la portion abandonnée du centre-ville de Raccoon et me suis dirigé vers le nord sur une route secondaire à deux voies. J'étais rapide comme une flèche. Il n'y avait personne d'autre que moi à cette heure avancée de la nuit. Ne voyant aucun tracteur de fermiers, j'ai appuyé de nouveau sur l'accélérateur. Le fabuleux V-8 de ma Shelby a répondu dans un vrombissement terrible et j'ai senti mes épaules se plaquer contre mon siège. Le compteur est monté à 110 Km/H. Cinq minutes après, j'étais en vue des premières collines et j'ai levé le pied. J'ai toujours adoré la conduite en montagne : les rapports de vitesse qui passent de la troisième en seconde. La Shelby qui fouette les virages en épingle à cheveux. La route est devenue plus raide, on escaladait la montagne et les courbes se sont transformées en série de virages en épingle à cheveux. Mes bras commençaient à tirailler fortement et les roues collaient à la route dans les deux sens. Ensuite, tandis que je commençais à entamer un virage difficile, une femme est soudainement apparue dans mes phares. Je roulais à 75 Km/h, elle est sortie en criant de l'orée du bois toute proche. J'ai rétrogradé puis pilé à mort sur mes freins, mais il ne faisait aucun doute que j'allais la percuter. J'ai donc fait la seule chose que je pouvais faire. J'ai durement braqué le volant d'un coup sec et j'ai envoyé la Shelby dans la rambarde de sécurité encadrant la route. Le moteur avait calé avec le choc, et pendant plusieurs secondes je me suis assis là dans le silence. J'étais sûr d'être blessé et de me retrouver avec des fractures. Heureusement, je n'en avais aucune. J'ai donc tourné de nouveau mon attention vers cette femme. Elle s'était apparemment effondrée tandis qu'elle appelait du secours et se trouvait sur la chaussée à environ 3 mètres de la voiture. Je suis sorti du véhicule et me suis empressé d'aller vers elle. Pendant que je m'approchais, j'ai découvert avec horreur que son corps tout entier était couvert de blessures béantes. Je me suis porté à son secours en essayant de la soulever. Mais à certains endroits de son corps, il ne restait que la peau sur les os et je voyais de petites giclées de sang, là où des artères avaient été sectionnées. J'ai été pris de nausées et me suis retourné. Puis, je me suis mis à genoux de son côté. Elle a soulevé une main faiblement et je l'ai prise dans la mienne. " Oh mon Dieu ! Madame? Que vous est-il arrivé ?" " il..." Ses lèvres bougeaient, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Sa gorge avait été tranchée. Je me suis forcé à regarder plus bas, le reste de son corps était mutilé. J'ai suffoqué à la vue de son torse. Une énorme partie de son estomac avait aussi été déchiquetée et ressortait vers l'extérieur -- comme si un grand requin blanc l'avait mordu en son milieu -- et bon nombre de ses viscères s'étalaient sur la chaussée. Mes mains et mes bras étaient couverts de sang, ça collait partout maintenant et j'arrivais à peine à respirer. L'odeur nauséabonde des intestins rendait l'air irrespirable. Pensant que cette vision de cauchemar ne pourrait être pire, un cri perçant d'une personne terrifiée retentit dans la nuit. Je me suis tourné en direction du cri et j'ai repéré un modèle de voiture décapotable dont la capote était baissée. Elle se trouvait plus haut à environ une quinzaine de mètres en remontant la route. Avec le clair de lune, j'ai vu le saut d'une espèce d'énorme animal dans la voiture restée ouverte. J'ai d'abord pensé que c'était un chien de la race des " Terre Neuve " noir. Mais j'ai vite réalisé que cette chose était au moins deux fois plus grande qu'un "Terre Neuve". Le conducteur a continué de crier, et je pouvais voir ses bras se débattre tandis qu'il essayait de neutraliser la bête. Puis, soudainement, il n'esquissa plus le moindre geste et était devenu silencieux. J'ai saisi mon Beretta automatique dans la boite à gants de ma Cobra et j'ai couru vers la décapotable. Cinq mètres plus loin, je me suis arrêté et j'ai tiré un coup de revolver en l'air. Au bruit du pistolet, la bête s'est brusquement retournée vers moi en me fixant d'une lueur terrible. Elle avait d'atroces yeux rouges, comme si ses pupilles suintaient le sang, et ses crocs jaunis semblaient aussi féroces que ceux d'un tigre du Bengale. Un cri étrange et guttural a soudainement jailli de la gueule de l'animal. " Kuooon, " il venait de pousser des cris perçants qui me firent froid dans le dos. "Garde ton calme mon garçon !" me suis-je dit. "Tu as un pistolet, et pas lui ! La chance est avec moi, il ne sait même pas ce qu'est un revolver !" Ipso facto, vous, Chris Redfield, maîtrisez la situation. La bête sauta de la voiture et entreprit une sinistre démarche vers moi ! Entre deux clignements d'oeil, je voyais cette chose horrible déjà toute proche se rapprocher encore. Je pouvais la sentir maintenant, et l'odeur était putride, comme de la pourriture, comme la mort. Il était grand temps de retrouver ses esprits. J'ai soulevé mon pistolet des deux mains, j'ai pris mon souffle et j'ai fait feu dans la tête de cette créature. En plein dans le mille !
J'ai vidé mon chargeur sur l'animal, j'étais sur le point de battre en retraite vers ma voiture, quand la créature du diable a soudainement semblé perdre tout intérêt pour moi. La bête a poussé un cri effrayant final, puis s'en est allée brusquement et disparut dans les bois denses. J'étais en état de choc et me suis tenu immobile, là, pendant longtemps, la sueur imbibait ma chemise. Alors j'ai repris mon souffle calmement, j'ai rechargé mon Beretta et très prudemment je me suis approché de la décapotable. Le conducteur était mort, bien sûr, déchiqueté de toute part, une vision aussi cruelle que celle de la femme que je venais de laisser un peu plus bas. Il manquait la moitié de son visage et un globe oculaire pendait de son orifice, il ne tenait plus que par le tissu naturel du nerf optique. Le clair de lune reflétait directement sur le crâne à moitié ouvert de l'homme, faisant apparaître son cerveau rosé qui brillait sous la lune. Le reste de son corps semblait lui, juste émerger d'une broyeuse à viandes. Plus grand chose de commun avec un être humain ! J'ai vu beaucoup de décès récemment. Cinq exactement, en comptant les deux personnes qui viennent de mourir juste devant mes yeux. Le premier meurtre s'était produit il y a six mois, et je n'ai cessé d'enquêter sur ces morts étranges depuis. En fait, le mot " étrange " n'est qu'à moitié adapté pour ces massacres. Quelque chose de sinistre se passe par ici, une force certaine qui va au-delà des intentions d'un meurtrier psychopathe. Je m'étais fixé 18 jours pour trouver des réponses, mais jusqu'ici les seuls indices ou encouragements que j'ai pu obtenir, ce sont des coups de pieds au cul de la part des médias. Ils foutent la pression sur la police qui ne travaille pas assez efficacement selon eux sur ces meurtres. Et devinez qui est en première ligne quand vous êtes un fonctionnaire de l'Etat américain ? Je suis retourné de nouveau à ma voiture pour transmettre par radio un rapport au QG. Je ne pouvais pas quitter et laisser cet endroit sans une garantie de protection. J'attendis donc jusqu'à entendre les sirènes d'approche. Puis, je repartais pour le lac Victory. Et maintenant il n'y avait plus aucune raison de ne pas être à l'heure. |
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